Neuvaine 2010 : n° 1
Durant toute cette année 2009, j’ai écrit sur ce blog avec une certaine culpabilité dans l’esprit. Un thème me revient en effet régulièrement. De façon lancinante, épuisante. Un thème que je vous avais promis de développer point par point. Je n’en ai rien fait ! Aussi, le seul moyen de me libérer de ce sentiment déplaisant est-il d’en faire le sujet de ce premier billet de neuvaine 2010.
Je crois au management par la bonté. Je vous l’ai dit par deux fois. Je suis intimement convaincue qu’une simple attitude de moralité viendra à bout de tous nos tourments.
Pourquoi l’honnêteté intellectuelle serait-elle le seul comportement gagnant ? Tout simplement parce qu’elle-seule permet de regarder nos failles comme nos atouts.
Dans toute résolution de problème, il nous faut faire deux colonnes : les bons points et les mauvais points.
- A ne voir que les bonnes choses, nous risquons de tomber dans un idéalisme dangereux, naïf et tout bonnement impossible à concrétiser.
- A ne voir que le pire, nous nous condamnons à l’absence de tout espoir de changement.
Nous devons donc être conscients de notre particularité d’humain qui est celle d’être faillible. Cependant être faillible -dramatiquement fragile quelquefois-, ne sous-entend pas une impossibilité à nous dépasser. Notre imagination est capable de nous conduire bien au-delà des ressources que nous croyons détenir.
Nous sommes faillibles mais nous sommes perfectibles !
Lorsque l’on fait l’analyse des conséquences de toute action indélicate, invariablement, cette escroquerie montre ses limites. A court terme elle peut être gagnante (à vrai dire rarement)... à long terme jamais ! Mathématiquement, c’est prouvé : c’est ce que démontrent -et certains se gardent bien de les mettre en avant- les plus grands formateurs en finances ! Tout particulièrement les… mathématiciens chercheurs.
La plupart des grandes entreprises se sont rendu compte de la nécessité d’une éthique et d’une bonne communication, d’un bon management pour garantir une culture d’entreprise.
C’est cette préoccupation de psychosociologie des organisations qui semble devoir s’installer définitivement en politique. Si nous voulons améliorer notre société. Les structures administratives et politiques doivent enfin calquer les organisations de la société civile !
Je voudrais donc revenir sur les différentes qualités que nous devrions dorénavant développer en nous. Oui en nous-mêmes, pas chez les autres. En vous rappellant les douze points listés « pour notre bien mutuel » par certains consultants américains ; que cite entre autre Evelyne Sevin* dans un article publié sur les colonnes du Figaro en septembre 2008 et de l’Express en octobre 2008.
*(consultante dans un cabinet de chasseurs de têtes/cadres dirigeants)
- l’authenticité
- l’excellence
- le courage
- la responsabilité
- la juste attitude
- la confiance
- l’amitié
- l’intégrité
- la résilience
- la compassion
- le service
et
- la tolérance
Permettez-moi de commenter certains de ces termes.
Autant je suis partante pour l’excellence en elle-même, autant je me méfie d’elle lorsqu’elle donne lieu à des combats sans merci ! Elle entraîne souvent des comportements pernicieux de rivalités excessives. Il ne s’agit pas pour nous d’être meilleurs que tous les autres. Non, chercher l’excellence, c’est chercher l’amélioration de soi-même, la progression des connaissances, des savoir-faire, des savoir-être. Il s’agit d’émulation. Cela rejoint tout à fait la principale devise des Compagnons du Devoir et du Tour de France, dont je vous ai également parlé plusieurs fois : apprendre des autres et enseigner aux suivants.
A ce sujet, en entreprise, je trouverais… excellent que, dans la création des deux emplois sans charges -idée si chère à François Bayrou- l’on puisse réunir impérativement (en les embauchant ensemble) « un couple d’un senior et d’un junior ». Avec les salaires correspondants de cadre pour l’un et de débutant pour le second. L’un formant l’autre et tous deux y trouvant ce fameux souci d’amélioration dans un épanouissement tout à fait gratifiant pour les uns et les autres. En finale, pour l’entreprise toute entière !
De la même manière, ce souci d’excellence devrait être installé dès l’enfance en supprimant les notes révélées à tous et brandies comme un moyen de comparaisons écrasantes et méprisantes pour certains. La note de chaque élève ne devrait être connue que de lui. Il s’agit de lui avec lui. En progression avec lui-même !
Le terme courage renvoie à un concept quelque peu ringard. Autrefois, cette qualité était mise en valeur au travers de tous les récits familiaux de faits d’arme ou d’une carrière, d’une réussite arrachée à la sueur de son front… Les garçons devaient être ces futurs hommes virils et courageux, sauveurs de toute la famille, tandis que les petites filles se sentiraient éternellement protégées par ces époux si chevaleresques. Aujourd’hui, tout est dans l’instantané, la jouissance des biens matériels qui ne demandent pas forcément le moindre mérite. Le vrai courage ne serait-il pas finalement cette volonté tout à fait sensée de résister enfin au véritable piège présent ?! Celui de la consommation immodérée. Parce qu’obtenir tout et tout de suite, c’est s’exposer à en demander toujours plus. Et d’en être alors invariablement malheureux.
En ce qui concerne la responsabilité, là sans doute est une des principales lacunes de notre société actuelle. Dans les très grandes entreprises, du fait de leur taille, les responsabilités sont diluées au fil de la hiérarchie descendante. Les orientations ou les décisions sont souvent prises unilatéralement. Dans les familles beaucoup de parents délèguent aux professeurs la tâche de l’éducation. Chacun se renvoie la balle et accuse l’autre d’un mauvais résultat. Se sentir responsable c’est accepter de se remettre en cause, de modifier une attitude sachant qu’elle pèsera sur celle des autres. Être libre et rester indépendant tout en étant solidaire et attentif c’est je crois cela se sentir responsable. Il me semble que seul un objectif commun clairement identifié puisse restaurer les responsabilités de chacun !
A cette liste des 12 qualités à développer, il y manque encore un groupe de quatre points à mon avis indispensable et même vital : simplicité, transparence, humour et respect !
- la simplicité
Etre simple, c’est effectivement être authentique mais c’est agir en toute lucidité. Cela signifie qu’il faut s’examiner d’abord avec bienveillance ; accepter ses défauts comme ses qualités. Faire la fameuse introspection si chère à nos professeurs du… siècle dernier ! Se connaître soi permet d’être naturel, de ne pas s’obliger à jouer un rôle nous piégeant inévitablement dans nos relations mutuelles. Accepter un défaut, ce n’est pas l’imposer à l’entourage avec arrogance, ou avec fatalité, c’est au contraire vouloir s’en corriger dans la mesure du possible, tout en s’autorisant enfin à reconnaître une qualité que l’on peut ainsi mettre en avant. Sans vanité ou sans prétention excessive.
- la transparence
Lorsque nous choisissons d’être transparents, nous prenons conscience de dévoiler aussi bien nos défauts que nos qualités. C’est quelquefois devoir faire preuve d’un certain courage au départ. Mais seule la transparence permet d’éviter les malentendus et les rumeurs, les injustices et les échecs. (Si je prends mon cas, comme je vous en parlais dans un précédent billet, je sais par exemple être mauvaise en langues étrangères… Sur mon CV, je me sens pourtant capable de l’avouer, puisqu’en contrepartie je mets en exergue une grande créativité. Et que j’espère pouvoir améliorer un jour mon anglais.)
- l’humour
Le rire ou la dérision est un très bon moyen de se sentir vivant. L’humour relativise notre place dans la société. Chacun est seulement humain : il naît, il vit, il meurt… L’humour est la seule drogue gratuite n'amenant aucune accoutumance ni aucun risque d’effets secondaires ! Et l’autodérision est de plus la seule arme auto-protectrice. Capable de désarmer deux adversaires sans leur faire perdre la face !
Pour ce qui est de la tolérance, listée plus haut, l’idée de ce qu’elle entraine comme désastres me semble absolument insupportable et même insoutenable. Je me suis exprimée plusieurs fois à ce sujet mais je ne me lasserai pas de le répéter. Lorsque nous prêchons la tolérance, cela induit parfaitement et intentionnellement l’idée que la personne tolérante aurait raison contre tous. Et cela provoque précisément et malheureusement l’intolérance !
- le respect
Lorsque nous aurons rayé ce mot de tolérance de notre esprit, le remplaçant par celui de respect, l’humanité toute entière pourra enfin progresser !
Tolérer quelqu’un, c’est vivre malgré sa présence : faire contre mauvaise fortune bon cœur… C’est se vouloir supérieur. C’est avoir peur des uns et des autres tout simplement. Peur de l’inconnu.
Seules la transparence, la simplicité et l’humilité parviennent à provoquer le respect.
Respecter une personne, c’est seulement vivre avec elle. Quelle que soit sa différence avec nous ou avec d’autres. Se respecter soi-même, c’est savoir que nous serons toujours et inévitablement changeants, différents de nous-mêmes au fil de notre vie.
Et que nous pouvons toujours devenir meilleurs !
Quant à
- l’amitié (ou l’affection)
j’y reviendrai dans un billet tout entier. C’est la seule source de richesse pouvant se partager ! Nous alimenter notre vie durant, sans crainte de la voir un jour se tarir.
A très bientôt !
Françoise Boulanger