Au Congrès Fondateur, j’étais tout au fond de la salle…
La veille au soir j’étais encore à Dax et me demandais si cela valait la peine de faire ce long périple. Je me suis brutalement décidée et en véritable aventurière j’ai pris le train de nuit. Assurément, pour une nuit de surprise… j’ai eu ce que je voulais. Une heure à peine après le départ, mon train s’est immobilisé dans le noir le plus complet, le silence le plus total. Nous étions encore sur le pont de Bordeaux trois heures plus tard ! Mon histoire allait-elle se terminer là ?! Piètre héros que celui qui n’a rien à raconter : je n’avais encore rien vu ni rien entendu !... Et les femmes rencontrées à Seignosse à qui j’avais finalement annoncé ma venue ? Qu’allaient-elles penser de ma défection ? Marie à Biarritz, Clotilde à Perpignan, Martine du Val d’Oise, Odile à Vannes, Caroline à Rennes… Toutes nous nous étions promis de nous revoir pour finaliser le groupe « Femmes Démocrates » constitué à Seignosse au Forum des Démocrates.
Après 4 heures statiques, le train est enfin reparti… en arrière. Revenue en gare de Bordeaux me voilà réfugiée dans un autre train qui, comme un fou, a essayé de rattraper le retard. L’enjeu était de taille : allait-il devoir -ou pas- rembourser le billet ?! Raté pour lui, gagné pour moi puisque le retard de 2 h 30 m’a obtenu un autre billet. Lot de consolation.
Pour autant, je n’étais pas encore arrivée à Villepinte. J’avais raté l’ouverture du congrès. Quelle déception ! Il n’était pas loin de 14 h lorsque je me suis mise dans la file des inscriptions. Oui à 14 h il y avait toujours une longue file jusqu’aux ordinateurs. Ah bon, 4000 inscrits déjà ?!!
Quel amusement de voir toutes ces personnes arborant sérieusement, telle une médaille, leur badge de congressiste. Et bien, moi aussi je l’avais enfin gagnée cette médaille. Villepinte, j’y étais ! J’allais pouvoir vivre ce moment exaltant de construction d’un nouveau Parti, d’un nouveau Mouvement, voulu par des milliers de personnes enthousiastes et confiantes. J’allais enfin communier à « la grand messe » !
Au fait ça représente quoi plusieurs milliers de personnes ? N’allais-je pas être déçue ? Je me suis avancée vers l’immense rideau, orange bien sûr, barrant le fond du hall d’entrée. Tel un rideau de théâtre. A travers lui j’entendais déjà la voix de l’acteur principal. J’étais encore dans les coulisses. Il me fallait rentrer sur scène.
J’ai soulevé un pan du rideau. Je suis rentrée. Ce fut le choc. Oui un véritable choc de voir ces milliers de personnes, toutes de dos, assises derrière d’immenses tables. Orange bien sûr. De voir ce gigantesque écran où « le chef » apparaît tellement présent, alors que je ne l’aperçois même pas derrière son micro. Au fond, tout au fond, il est si loin. J’ai mis mes lunettes. Toujours aussi loin. J’ai essayé de compter les tables. Impossible. J’ai essayé de reconnaître des gens. Impossible.
Alors je suis restée au fond de la salle, près du rideau. Et de là, de mon poste d’observation, j’ai vu passer tour à tour Clotilde, Marie, mon fils Philippe (venu tout exprès de Nancy, pas pour moi hélas, pour François), Odile, Caroline et toutes les autres.
Je suis restée tout le temps au fond de la salle. Comme une mauvaise élève. J’ai vu tout le monde. Hervé de chez nous tout à la fin aussi. J’ai rencontré d’autres personnes : des femmes qui vont nous rejoindre dans le groupe « Femmes Démocrates » ; un homme, Benoît, qui va sûrement avoir l’investiture pour la mairie de Paris dans le 5ème. Je suivrai sa campagne…
J’ai vu Jean Lassalle : Deux bises et deux photos. Quel chic type ce Jean Lassalle. Marielle de Sarnez : Une poignée de main… très pressée. Je n’ai pas vu Corinne Lepage. Dommage. Je voulais revoir son sourire, sourire si gentiment donné à Seignosse.
Et… samedi soir, 1er décembre 2007, 22 h, François Bayrou montait l’escalier. Tout seul. Etait-ce bien lui ? Oui ! Si j’osais ?! J’ai osé !
François Bayrou, pourtant fatigué par une journée entière de débats et de discours, n’ayant sans doute qu’une envie, celle de se reposer et se restaurer, François Bayrou m’a chaleureusement serré la main, le sourire généreux dans les yeux, le mot gentil aux lèvres : « Je suis heureux de vous rencontrer. ». Malgré sa lassitude, il a sorti son stylo et a fait pour moi une dédicace de son livre. En toute simplicité.
Je vous assure, je n’aurais donné ma place pour rien au monde !
Ce moment là m’a plus sûrement confirmé de la sincérité de François Bayrou que n’importe lequel de ses discours ou de ses écrits.
La prochaine fois je resterai encore tout au fond. C’est de là que l’on voit le mieux !
Françoise Boulanger