« ...nous allons travailler tous ensemble ! »
Si je me permets de plagier en quelque sorte le slogan de campagne de Jean Lassalle, c’est que jamais je n’ai entendu si belle affirmation que la sienne !
Il y avait là toute la malice possible et tout le défi souhaité...
Tenez, ces jours-ci, je me suis livrée à une petite analyse locale qui m’a particulièrement enchantée.
Comme chaque mois depuis presque deux ans maintenant, je ne manque jamais d’assister aux séances du conseil municipal de Dax. Tant j’aime observer toutes les personnes, aussi bien les différents conseillers que les personnes du public. De droite comme de gauche, comme des verts.
Je suis d’ailleurs assez fière d’avoir réussi à dialoguer avec pratiquement eux tous.
Dernièrement, je me trouvais justement à l’inauguration d’une fête de quartier de ma cité et une partie du conseil municipal était naturellement présente. A un moment donné, trois conseillers se sont avancés vers moi et je me suis aperçue avec amusement que nous formions un petit groupe réunissant « gauche, droite, centre et écologie ». Une évidence m’est apparue : l’étiquette que chacun était sensé afficher n’avait ici aucune consistance…
Très honnêtement j’éprouvais pour chacun d’entre ces trois hommes beaucoup de sympathie. Chacun des trois étant intelligent, performant dans son domaine et particulièrement attentif à son entourage. Nous devisions donc plaisamment. Avec même une certaine complicité.
Une grande bouffée d’espoir s’est alors élevée en moi. Au point de les prendre très malicieusement par le bras pour les deux opposés. Je me sentais vraiment capable de les rassembler. Je ne pense pas qu’ils aient ressenti le moindre malaise devant ce geste bref et spontané. Il n’y avait en tout cas aucune provocation de ma part. Juste de l’amitié.
Pour moi c’est clair : je n’ai décidément aucun ennemi à Dax !
En politique comme dans tous les domaines d’ailleurs, j’ai trop à apprendre de chacun. Je vois bien que nous sommes tous complémentaires !
Je vous entends me rétorquer que forcément -malgré toute ma bonne volonté- je vais me trouver en confrontation animée et houleuse avec mes fameux copains.
C’est justement ce que je souhaite ! J’aime l’opposition. J’aime avoir des contradicteurs qui relèveront sans nul doute mes points faibles et mes incohérences éventuelles. Je réussirai ainsi à m’améliorer et convaincre avec d’autant plus de force de la nécessité de l’entraide.
Quitte à me montrer parfois véhémente et passionnée. Quitte à me faire reprocher ma naïveté ou mon utopie. Je resterai entêtée, soyez-en sûrs. Jusqu’à en sembler « paranoïaque » ! Pas grave, j’ai toujours connu ce genre d’accusations…
Certains d’entre vous vont aussi prédire qu’en mélangeant toutes les sensibilités, je risque d’attiser la violence entre tous. C’est faux ! Je vais vous expliquer pourquoi.
Pour illustrer ceci, je vous ai sélectionné une interview de Marie-France Hirigoyen portant sur la violence. Dans le cas particulier des rapports de couples « hommes-femmes ».
Elle y explique très clairement la différence entre la véritable violence (relation malsaine) et le simple conflit (relation saine).
Prenez la peine de lire entièrement cette conversation et vous conviendrez avec moi que c’est simple et lumineux :
- Celui (ou celle) qui a « toujours raison », qui exige d’avoir la constante supériorité sur l’autre en lui imposant systématiquement sa seule volonté -au besoin par la force, le mensonge ou la ruse- est un personnage violent. Violence ordinaire ou violence perverse. Il (ou elle) exerce une emprise sur son partenaire. Violence verbale ou violence physique. Peu importe, c’est de toute façon de la cruauté. C’est du « déni » de l’autre. C’est surtout montrer paradoxalement une indéniable infériorité. Un incroyable manque de confiance en soi.
- Par contre, ceux qui se disputent sincèrement, sans avoir besoin d’insulter ou de rabaisser l’autre pour se valoriser ; eux qui tout bêtement défendent farouchement leur position, sachant qu’ils ont sur certains points la meilleure vision, le bon raisonnement et la meilleure info, la meilleure formation ou l’expérience… Ceux-là ne sont que des passionnés. Ils veulent se faire respecter à égalité de leur conjoint. Et ils ont parfaitement raison !
Là où le dédain, la morgue et le mépris s’installent dans un couple, c’est de la violence.
Là où le respect et l’affection restent présents malgré le désaccord, c’est de l’opposition constructive.
Eh bien, pour moi, ces explications sont à transposer exactement dans les rapports entre tous. Aussi bien dans notre cercle professionnel, qu’amical ou… politique !
Ah, ah ! Vous me voyez certainement venir... Vous savez déjà que je vais vous parler encore de ma sempiternelle « opposition ». Et vous avez peur que je la réclame, n’est-ce pas ?!
Vous avez tort de craindre d’elle !
Parce que ce que je souhaite, c’est que chacun reste au contraire dans son camp et garde ses convictions s’il les sent comme étant les meilleures ! Puis accepte d’écouter celles des autres. Avec attention et curiosité : avec empathie.
Dans un partenariat, quel qu’il soit, c’est précisément de la confrontation des idées opposées que naît la meilleure solution. Pas dans la complaisance.
Il suffit juste de rester honnête.
- « L’honnêteté est la plus grande de toutes les malices, parce que c’est la seule que les malins ne prévoient pas. » a dit Alexandre Dumas fils
Et puis je n’oublie pas que François Bayrou ne nous a jamais demandé de penser tous la même chose… Bien au contraire.
Pour revenir à Dax, je voudrais rappeler à mon maire, Gabriel Bellocq, ce qu’il avait promis, sitôt élu (premier numéro du magazine de Dax d’avril 2008, pages 7, 8, 9 et 10) :
- « J’entends d’ailleurs donner à ceux qui sont aujourd’hui dans l’opposition toute la place qu’ils méritent. »…
C’est cela qui m’avait personnellement réjouie et rassurée*. Ainsi que le fait qu'il se dise le maire de tous les dacquois (voir dans la colonne de gauche, sous son portrait).
* [ Je m’étais en effet rendu compte que la composition de la liste élue -devenue la majorité actuelle- consistait en plusieurs profs, fonctionnaires, plusieurs médecins et techniciens, une salariée de la CCI et une ancienne commerçante. Sauf erreur de ma part, hormis les deux médecins installés à leur compte, pas de chef d’entreprise, pas d’expert-comptable et pas d’avocats… qui eux se trouvaient heureusement dans l’opposition. Tous ne faisaient donc que se compléter. ]
Comme il n’est jamais trop tard pour tenir une promesse, j’ai confiance dans l’avenir. Je ne vois en effet aucune raison sérieuse de ne pas instaurer une gestion commune dans l'EPIC de l'Office du Tourisme et du Thermalisme.
A moins que l’on explique à la dacquoise que je suis, et avec moi à tous les dacquois qui n’aspirent qu’à la meilleure administration possible, pourquoi « il a fallu se rétracter » ?!
Moi qui ne veux pas (et ne peux aucunement !) travailler toute seule, je sais que « gauche, droite, centre et écologie » avons besoin d’œuvrer ensemble. Pour créer des emplois et amener de la richesse dans notre cité. C’est vital : faisons-le !
En transposant également au niveau national, je voudrais rappeler, que les différents Partis se réclament tous de l’entreprise et que cependant la plupart des législateurs et décideurs restent dans la théorie, sans jamais en avoir expérimenté eux-mêmes la vraie problématique !
Un avocat peut-il savoir ce que représente la mise en danger de tout son patrimoine pour de la véritable création d’emploi ?! Lorsqu’il s’agit de plusieurs centaines de salariés. Pas sûr.
Des fonctionnaires, même ayant fait l’ENA, ou des profs, ont-ils la bonne vision d’une société composée essentiellement d’artisans, d’agriculteurs ou d’ouvriers si eux-mêmes n’ont jamais côtoyé ce monde-là ?! Pas certain.
Une personne n’ayant jamais connu une seule fin de mois difficile, un seul licenciement, une seule angoisse du lendemain, peut-elle se représenter ce que l’augmentation du coût de la vie veut dire « exactement » ? Evidemment non.
Au Mouvement Démocrate, aussi bien François Bayrou* que Jean Lassalle savent ce que créer une entreprise signifie ! C’est la meilleure des écoles politiques. Celle de la vie réelle.
* (Lien rajouté le 25 août à la lecture du billet de mon ami L'Hérétique.)
Pour terminer, je voudrais revenir sur l’indignation suscitée en France ou à l’étranger par les derniers agissements de notre gouvernement actuel.
Les propos de certains ont déclenché des répliques assez vives, plus ou moins inattendues comme celle, dans le magazine Marianne, de Jean-François Kahn, que personnellement j’approuve totalement. Tant pis pour les fans** du voyou.
** (A nous de faire en sorte qu'il y ait un changement radical. En définitive, j'en veux beaucoup plus aux courtisans de Nicolas Sarkozy qu’à lui-même, eux qui se sont servis de sa « particularité » narcissique pour arriver à maintenir leurs intérêts personnels. Nous le savons bien qu'il y a de la manipulation !)
Ou des réactions prévisibles, comme celle de ce jeune dacquois, Amine, qui avait été la cause involontaire de débordements verbaux. Il ne désavoue pas l’UMP en elle-même. Il préfère juste s’orienter vers quelqu’un de plus mesuré que Nicolas Sarkozy.
Ici, Amine -que j’ai eu l’occasion de rencontrer lors de la dernière campagne- me semble plutôt vouloir se rapprocher des vrais gaullistes, eux qui pourraient précisément reprendre à leur compte ce qu’avait dit le grand homme :
- « Tout peut, un jour, arriver, même qu’un acte conforme à l’honneur et à l’honnêteté apparaisse en fin de compte comme un bon placement politique. »
Charles De Gaulle (Mémoires de guerre)
Faisons-le : unissons toutes nos différences ! Avec passion et sans violence.
A très bientôt !
Françoise Boulanger