Mais comment diable a-t-il fait ?…
―Printemps 2008―
Après les 2 tours de l’élection présidentielle, François Bayrou a décidé de faire un nouveau parti… En une semaine 52 000 personnes se sont inscrites ! Mais comment diable a-t-il fait ?
Je fais partie de ces personnes : j’ai pris une carte du MoDem. Moi qui n’avais encore jamais « sauté le pas » de l’engagement politique… étonnant !
Alors je me suis interrogée. J’ai cherché. J’ai réfléchi. Quelle est la raison de ce déclenchement ?
Après tout, qu’a-t-il de plus que tous les autres, cet homme qui milite dans le monde politique depuis de nombreuses années. Pourquoi n’avait il pas encore réussi à obtenir un tel engouement ?
A-t-il changé de discours et découvert un beau jour une autre façon de penser ? Non, il ne serait plus vraiment crédible, puisqu’il se serait renié lui-même…
C’est autre chose.
Et si en réalité, comme tous les autres, il s’était lui aussi servi des évènements, des gens, pour se hisser « au-dessus du panier de crabes », les piétinant soigneusement au passage ?
Non, je n’aurais eu que du mépris.
L’explication est ailleurs.
S’il n’a pas changé, s’il n’a jamais varié de mode de pensée, s’il n’a jamais montré le moindre doute sur lui-même, il doit bien y avoir une raison pour que toutes ces femmes et ces hommes se soient levés vers lui d’un seul mouvement !
Je crois avoir trouvé !
Les mots prononcés par François Bayrou sont simples et évidents : « Respect, Bon sens, Transparence, Éducation, Confiance, Compétence, Écoute… »
Ces mots, beaucoup parmi tous les candidats politiques les ont eux-mêmes prononcés… Ils n’ont pourtant absolument pas suscité la réaction que cet homme étonnant a su provoquer.
Pourquoi ont-ils retenti « autrement » dans certaines oreilles ?
Tout simplement parce qu’ils sont en parfaite cohérence avec sa vie.
La force de cet homme, intelligent, instruit, c’est donc tout bonnement l’exemplarité de sa vie.
C’est très énervant, n’est ce pas ? Quelqu’un ne faisant « aucunes mauvaises actions »… c’est curieux ! C’est louche ! Il doit bien y avoir quelque chose tout de même. Si on cherchait bien…
Il semble que personne n’ait pu trouver jusqu’à présent la moindre affaire compromettante. Pas la moindre malversation. Rien ne permettant de le « descendre ». C’est énervant.
Personne ne peut l’attaquer sur ce point. Un modèle de droiture.
* * *
J’ai encore réfléchi… J’ai cherché quels ont été mes propres « modèles ». Depuis l’enfance jusqu’à maintenant.
Quelques personnes de mon entourage, emprunts de bonté et d’intelligence, de dignité et de générosité, ont su orienter ma pensée.
Un homme cependant, bien plus lointain mais tellement vivant encore, m’accompagne fidèlement depuis l’école primaire. Lui aussi a fait d’une conduite exemplaire la force de sa réussite.
Il s’appelle Boileau, Nicolas Boileau (1636 – 1711) poète, écrivain et critique français.
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément. »
C’est de lui. C’est bien de Boileau.
Voilà une citation pleine de bon sens qui incite à structurer sa pensée, à bien réfléchir avant de parler. Oui évidemment, si je « comprends » bien, si j’analyse bien, je m’exprime correctement puisque je vais chercher et trouver le mot qui traduit ma pensée. Je suis alors en communion avec mon auditeur, mon lecteur.
La citation qui m’a toujours guidée en est cependant une autre :
« Hâtez vous lentement et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse et le repolissez,
Ajoutez quelque fois et souvent effacez. »
Agir oui mais sans précipitation. Faire preuve de critique et dire en toute sincérité ce que l’on pense. Ne pas changer. Ne pas se décourager. Travailler, apprendre. Partager la connaissance et les informations. Prendre des risques et donner de son temps. Demander, avoir le courage de demander. Dire que l’on s’est trompé si c’est le cas et repartir... Aller de l’avant.
Voilà tout ce que me dit Boileau* !
* ("Boileau, dont on disait qu’il ne serait qu’un sot toute sa vie, protégé de Louis XIV, admiré et respecté de Racine, Molière, La Fontaine, Madame de Montespan… rarement injuste dans ses satires ; Boileau a su s’imposer par la générosité de son caractère, sa probité, son désintéressement, sa modestie. Il était parfois cruel mais il ne l’était qu’en vers.
Sa conduite était tellement irréprochable, qu’elle le mit toujours à l’abri des attaques des nombreux ennemis, que ses satires ne pouvaient manquer de lui faire !" Wikipedia)
François Bayrou parle vrai et lui je le crois !
C’est uniquement parce que sa vie exemplaire est la preuve de sa sincérité, que je veux le suivre.
Pas comme un mouton écervelé suivant son berger. Pas non plus comme un membre décérébré d’une secte obéissant à un gourou illuminé. Pas du tout comme une courtisane servile se pliant en courbettes inutiles devant un seigneur despotique…
Seulement comme une femme croyant en la force de l’exemple.
Bayrou c’est un peu mon Boileau.
Montrer l’exemple, ce n’est pas trop mal comme courant politique, vous ne trouvez pas ?
Françoise Boulanger