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« Comment réaliser un projet chimérique avec une approche différente des faits »
Il y a quelques jours j'avais enlevé cet article, aussitôt écrit, afin de le remanier un peu plus. Des évènements personnels m'avaient en effet envahie de terribles doutes sur une quelconque aptitude à l'analyse. Après une introspection probablement salutaire, je vous le restitue quelque peu modifié. Je crois avoir été beaucoup trop catégorique.
Je retire donc l'offense que j’avais osé vous faire, en prétendant que nous étions tous « stupides et puérils » !
Pourquoi retirer ces mots qui n’étaient peut-être... pas si faux ?!
Je suis persuadée en fait que personne n’est tout à fait responsable de son comportement, quel qu’il soit, puisque chacun d’entre nous agit en fonction de son capital génétique certes mais aussi de son vécu, c'est-à-dire de son histoire de vie, selon les influences des uns et des autres.
L’injure n’est donc pas de mise.
Comme c’est ce qu’a dit Albert Einstein lui-même, je me garderais bien de le contredire !
« Je ne crois point, au sens philosophique du terme, à la liberté de l'homme. Chacun agit non seulement sous une contrainte extérieure mais aussi d'après une nécessité intérieure. »
Albert Einstein (1879-1955)
Les personnes perverses, dont l’unique « contrainte intérieure » est d’obtenir le pouvoir, l’autorité, le contrôle d’autrui, utilisent cette réalité des interactions humaines pour maintenir les autres dans le non-savoir, la non-connaissance, l’absence d’informations, puisqu’elles savent bien -elles- que l’amélioration ne peut être gagnée que par l’éducation.
Aussi, si nous pensons avoir eu la chance d’une éducation cohérente et constructive, que ce soit par des personnes tuteurs ou en autodidactes, il devient alors tout à fait normal de ressentir le besoin de transmettre à notre tour le savoir reçu, d’essayer d’amener à la réflexion, pour le progrès de la société.
Le fait de comprendre soudainement que chacun d’entre nous est « modifiable » donc « améliorable » à tout âge n’est-il pas le meilleur des constats, le plus formidable des espoirs ?!
* * *
► Dans le domaine de l’entreprise, l’innovation au départ, j’ai découvert et pratiqué un outil d’aide à la décision, utilisé pour faire émerger les attentes des personnes.
Savoir ce qu’à un moment donné les personnes interrogées désirent, demandent sur tel ou tel sujet bien précis. Non seulement cet outil arrive à identifier l’attente mais il parvient surtout à la mesurer !
C’est-à-dire que cette méthodologie peut déterminer avec exactitude si votre attente est tellement « lourde » qu’elle est considérée comme une obligation et conduira inexorablement à un fort mécontentement, donc à une insatisfaction perpétuelle ; ou si votre attente est bien plus « légère », ce qui aboutira à une satisfaction telle que rien ne vous empêchera jamais de vous sentir chanceux.
Dans la vie, si tout ce qui nous concerne était considéré comme une bonne surprise, nous parviendrions à vivre toujours heureux ! Et cela n’a rien à voir avec la quantité de ce que nous possédons… Il faut « être » avant « d’avoir ».
Laissez-moi vous donner des exemples et (essayer de) vous expliquer comment nous fonctionnons.
Et pourquoi, de ce fait, nous ne pouvons absolument pas continuer à accepter les pseudo-valeurs qui sont inscrites en exergue par le gouvernement actuel. Celles qui nous condamnent hélas à toujours demeurer de simples enfants gâtés.
► Il y a un élément de notre nature que nous devons poser en axiome :
Ce qui nous pousse à agir -personne n’y échappe- est la recherche permanente, la quête éternelle du Mieux-Être. Physiologiquement, il faut plutôt parler de rejet incessant du Mal-Être. C'est-à-dire que nous cherchons impérieusement à supprimer toute douleur, toute souffrance : C’est là notre seul moteur !
Notre corps fabrique d’ailleurs des hormones pour cela. Ce sont les endorphines, celles qui nous évitent les souffrances absolument intolérables que nous aurions inévitablement en leur absence.
[ Et ce sont ces drogues naturelles qui vont disparaître si nous avons le malheur de les concurrencer par des drogues artificielles telles que le tabac, l’alcool ou… l’héroïne ! Ces dernières finissant par remplacer ce qui nous était pourtant gracieusement fourni par nos organes. On comprend alors la difficulté à cesser de fumer évidemment.
Quelle est la nature de cette souffrance ? Elle peut être morale ou physique. Elle est perçue de façon très différente par chacun d’entre nous. Selon sa propre histoire, son propre vécu, sa propre génétique. ]
Ce qui sous-entend déjà que pour prendre la moindre décision, il faut, si ce n’est une réelle souffrance, au moins une gêne ou une demande : une frustration !
► Une autre particularité de notre tempérament humain est que nous nous habituons à toute chose et que nous arrivons à nous en lasser.
Un exemple tout simple : Le jour où nous découvrons un mets nouveau particulièrement délicieux, notre première impression est toujours excellente. La deuxième fois, lorsque nous dégusterons ce plat si délicat nous en serons encore satisfaits mais l’effet de surprise ayant disparu, la magie ne sera déjà plus là. La troisième fois, la quatrième fois… (là, je vous entends penser, si, si…) nous trouverons cet aliment de moins en moins bon. Cela peut même aller jusqu’à l’écœurement ! Je vois que vous avez déjà trouvé, Messieurs, des arguments pour justifier de certaines infidélités à votre cuisinière* favorite !
* (Il est vrai que je vais quelquefois, moi aussi, voir ailleurs… au restaurant.)
La solution pour remédier à toute lassitude est naturellement de veiller avec soin à varier les plaisirs : de la table, de l’amitié, de l’amour, du travail, des loisirs, des lectures etc.
Pour votre blog, amis blogueurs, changez de temps en temps de rythme, de présentation, de contenu, ou pas d’ailleurs…
Car il faut savoir malgré tout que « de certains produits et de certaines personnes on ne se lasse jamais » !
Des exemples ? Le bon pain que vous achetez chaque jour avec le même plaisir, le café du matin, le carré de chocolat du soir devant la télé…
Quant aux personnes, cherchez vous-mêmes. Et si vous êtes de ceux qui font l’unanimité de tous, c’est que vous avez trouvé le secret !
► Il est enfin une attitude sur laquelle je voudrais revenir car elle est pour moi le principe même de l'honnêteté. La conduite idéale en quelque sorte.
C’est la pratique d’une « pensée nuancée » !
Cette philosophie de vie -qui n’est surtout pas une doctrine- est basée sur l’art de dégager des faits bien précis du langage des sentiments. Je vais vous donner un exemple pour me faire comprendre.
Comment en effet faire parler « objectivement » des faits à travers une manifestation de sentiments, forcément elle, partiale et subjective ?
Eh bien il faut tout d’abord considérer tout interlocuteur comme étant sincère et « recevoir » son langage, ses dires, comme étant la vérité, sa vérité.
C’est seulement ensuite qu’il faut chercher le contexte.
Imaginons donc deux personnes qui donnent leur avis sur la température d’une pièce.
Madame A. rentre dans cette salle en disant :
- « Qu’est-ce qu’il fait chaud ici ! »
Ce à quoi Monsieur B. rétorque :
- « Pas du tout, il fait froid. »
Nous considérons ici qu’aucun des deux n’est un menteur et cependant ces deux personnes disent des choses opposées. C’est bien ennuyeux !
Je vous propose donc de chercher la vérité.
- J’ai par exemple remarqué que Madame A. est rentrée en respirant fortement et je peux en déduire qu’elle était peut-être essoufflée (mais il est possible qu’elle soit atteinte d’emphysème !) parce qu’elle avait couru… De plus elle était revêtue d’un gros manteau et d’un bonnet de laine, ce qui me laisse penser que dehors il devait faire froid et que la pièce lui semble en comparaison bien plus chaude que l’air extérieur.
- J’ai aussi remarqué que Monsieur B. est assis à son bureau en chemisette et qu’il est déjà 11 H. Je peux donc en déduire sans trop me tromper qu’il n’est pas assez couvert et qu’il est immobile depuis 9 H. De plus, il a certainement faim puisqu’il est bientôt midi et tout le monde sait que l’hypoglycémie provoque aussi cette sensation de froid.
- Alors qui a raison ? Fait-il chaud ou fait-il froid ?!
Je serais tentée de vous dire : c’est le thermomètre qui va trancher.
- Je vais donc m’approcher pour vous et regarder : je vois 20°. « C’est bon il ne fait ni chaud, ni froid, puisqu’il fait 20° ; c’est un fait incontournable. »
- Eh bien non, ce n’est pas forcément la vérité pure et nette, car j’avais oublié de vous dire que le thermomètre était tombé et que j’avais omis de chausser mes lunettes !
- Qui a raison maintenant ? Qui est malhonnête ? Eh bien personne ici !
- Pour continuer la quête de la vérité il va me falloir dénicher deux autres thermomètres (afin de faire une moyenne), et puis retrouver impérativement mes lunettes…
De toute manière, dites-vous bien que la fenêtre aura probablement été ouverte entre temps !
La recherche des faits, même en politique, est la plupart du temps du même type. Il faut pourtant persévérer.
► En conclusion, l’idée que je voudrais vous transmettre, celle à laquelle je tiens de toutes mes forces, depuis toujours, c’est qu'il faut impérativement rechercher la vérité. Même si elle n’est jamais facile.
Il me semble important de sans cesse nous interroger avec bienveillance sur nos différents comportements et le faire malgré tout sans complaisance.
- En éducation, sur ces bases physiologiques, il faut comprendre que l’enfant à qui l’on offre continuellement durant sa petite enfance un invariable cadeau (réel ou virtuel), devançant ce faisant les moindres de ses désirs, y compris ceux qu’il ne semble pas avoir ; cet enfant passera très rapidement de la joie la plus féérique à l’indifférence puis l’insatisfaction permanente, ne supportant plus aucune contrainte, aucune contrariété, se trouvant incapable du moindre émerveillement, devenant même dépressif, angoissé, blasé ou, plus grave, à comportements pervers** !
A tout enfant, sans exception, il faut impérativement apprendre la patience, la nécessité de l’absence provisoire, de la frustration. L’adulte éducateur sait que l’affection ne peut être matérialisée sans cesse par un présent. Nous ne devons pas « acheter l’amour des autres ». L’adulte éducateur sait que l’enfant devra devenir à son tour un adulte responsable.
** (Personnellement, je suis persuadée que l’on doit l’apparition de la perversité non pas à une anomalie génétique comme dans certaines folies, mais uniquement à une gravissime carence dans l’éducation.
Il me semble avoir observé autour de moi une quasi constante dans ces êtres destructeurs : c’est celle de leur « adulation » par leurs parents lors de leur enfance, adoration forcément non-constructive. Ces « enfants-rois », à qui jamais personne n’a osé imposer la moindre contrainte, se sont donc sentis autorisés à régner impunément -et à vie- sur toutes personnes et toutes choses.)
- En politique, en entreprise, en relations sociales, le grand objectif de tous les leaders est d’obtenir une adhésion générale. Sans jamais lasser. Ils doivent pour cela proposer un projet cohérent, de qualité, dans lequel chacun pourra se reconnaître.
Mais ils doivent également connaître le fonctionnement des machines humaines que nous sommes tous.
C’est ainsi qu’un chef d’entreprise se gardera bien de donner chaque année la même prime de fin d’année, puisque celle-ci deviendra très rapidement un avantage acquis. Il pourra par exemple, donner une année un cadeau aux enfants, puis un voyage, puis des actions etc.
Manipulation de sa part ?! Non pas. Puisqu’il aura eu l’intelligence de ne pas laisser s’instaurer un climat de mécontentement. Un management basé sur la concertation et le respect de ses équipes lui assurera en retour la plus totale cohésion, le meilleur des bilans.
Un homme politique intègre se préservera de faire le moindre cadeau permanent. Il ne pourra jamais parvenir à son objectif de rassemblement s’il ne respecte pas ce principe de l’effort. Il ne peut pas promettre d’éternelles merveilles. Ce serait se saborder lui-même.
Un homme politique honnête ne peut que demander l’honnêteté pour lui-même et tout son Parti. Il ne peut que montrer l’exemple s’il veut être suivi.
Il ne peut qu’organiser une structure modèle. C’est simple et clair !
Alors, séparer les pouvoirs, distinguer le législatif de l’exécutif, c’est indispensable. Le non cumul des mandats. La communication des informations. C’est incontournable et cela tombe sous le sens.
Sous le bon sens !
Commençons par le faire chez nous, à l’intérieur de notre Mouvement. De toute urgence !
► Pour cela, je propose de refaire les élections internes. Tout simplement.
Ce serait je crois, François Bayrou, puisque c'est à vous d'abord que je m'adresse ici même, une attitude exemplaire qui forcerait l’admiration de tous. Reconnaître une erreur de jeunesse n'a jamais été une humiliation. Elle est au contraire signe de la plus grande des intelligences.
Construire un nouveau Parti n’est-il pas en effet comparable au développement d’un adolescent en devenir d’adulte ?
Pour avoir lu et entendu, dans de très nombreuses villes, les témoignages de candidats bouleversés de leur expérience révoltante. Pour avoir vécu personnellement les élections internes de janvier et septembre dans le plus grand manque de démocratie dans mon département et ma région, région qui est également la vôtre ! Oui, François Bayrou, j’ose vous demander ceci : « Réorganisons les élections ! »
Il nous suffit pour cela de tout remettre à plat et d'appliquer les chartes entérinées le 2 décembre 2007.
Nous n’avons besoin que de notre honnêteté...
Tout le reste, grâce à vous, nous l’avons : nous sommes des dizaines de milliers de personnes ayant investi leur intelligence et leur expérience de vie dans la construction du « projet de société » que vous leur avez présenté. Ces personnes refusent avant tout de placer l’argent comme unique valeur.
Elles veulent faire triompher l’humanisme ! Rien d’autre.
► Elles ont cependant une terrible crainte : Et si, chez nous aussi, l’argent restait encore « un argument de poids personnel » ?! Certains de vos élus ont bel et bien fabriqué de la « fausse monnaie » pour gagner votre confiance. Ils n’ont pas la nôtre.
L’aviez-vous prévu ?!
A bientôt !
Françoise Boulanger
Par contre ici de la vraie "money" !