Courrier privé... mais Parole publique !
19/02/09 11:23
Chère amie, merci de votre message, mais je ne peux vous suivre sur un point : personne n'est mis à l'écart. Il arrive qu'on soit minoritaire, mais chacun a le droit de s'exprimer.
Cordialement. François Bayrou
Le 19 févr. 09 à 11:08, Françoise BOULANGER a écrit :
Cher François
N'ayant plus jamais de réponse de votre part, j'imagine que vous m'avez rayée... de votre liste d'amis.
Dommage. Mes articles sur mon blog ne sont que la recherche -et uniquement cela- de la démocratie la plus pure.
Je suis persuadée que votre seul argument pour gagner est "l'exemplarité en interne" !
C'est la seule chose qui vous distinguera de tous les autres politiciens, qui ne pourra que forcer l'admiration puis... l'adhésion.
Vous n'avez pas d'autre choix. Aucun autre. Il en va de votre survie dans la sphère politique.
Si vous voulez destituer Nicolas Sarkozy, ne prenez pas sa façon de faire dans votre propre management interne !
Bien à vous.
Françoise Boulanger
Adhérente active et réactive
Cependant totalement mise à l'écart de son département !
Voici le dernier message qui m’a été envoyé par François Bayrou le 19 février dernier en réponse immédiate au mien qui venait de lui parvenir quelques minutes auparavant !
Cette réponse m’avait fait vivement réagir. Si je me permets de le porter à votre connaissance aujourd’hui, c’est parce que je sais maintenant que je m’étais bel et bien trompée sur l’interprétation que j’en avais faite !
J’avais initialement et hâtivement traduit que François Bayrou cautionnait les mauvaises pratiques utilisées quelquefois « en son nom » dans certains départements ! J’en ai été tellement déçue, meurtrie et même découragée, que j’ai produit un billet assez méchant il y a quelques jours. Un billet qu’il ne m’a absolument pas été facile à rédiger croyez-moi et pour lequel j’ai mis d’ailleurs du temps à me décider. Je l’ai pourtant fait. Je ne le regrette pas puisque cela m’a permis de réfléchir encore plus loin…
Car vous remarquerez que je n’avais pas tout à fait désavoué François Bayrou. Juste « à moitié »… Parce que, dans mon inconscient, quelque chose ne collait pas tout à fait. Je sentais bien sans doute que je n’avais peut-être pas tous les éléments !
Depuis ma pensée a évolué et je m’en explique ici :
Il y avait déjà cette certitude insistante mais tranquille de Frédéric LN… Frédéric que j’ai eu la chance de rencontrer et dont la personnalité, les écrits, me semblent tellement lucides et riches d’enseignements. Ayant été le directeur de campagne* des présidentielles de François Bayrou, il le connaissait donc sous un jour que moi je ne pouvais deviner en entier. Mes propos lui semblant injustes et erronés, je me suis interrogée. Cela m’a véritablement travaillé je vous l’avoue.
* (Rectification : voir le commentaire N° 19 par Frédéric LN lui-même.)
Mais il y avait cependant les propos de Farid Taha, un homme d’une intelligence et d’un courage assez rare, pour qui j’ai beaucoup d’admiration (et d’amitié, il le sait) mais qui, réflexion faite au vu des différents documents relatant les faits, n’a jamais été écarté directement par François Bayrou. Il ne l’a été que par d’autres personnes ayant soigneusement, elles, enrobé la vérité à leur seul avantage, rapportant à leur « chef » les évènements de manière à placer Farid en personnage gênant pour le bien collectif… Une manigance flagrante, que j’estime personnellement dommageable, je le redis, pour le Mouvement Démocrate.
Et puis, il y a quelques jours, j’ai eu la chance de rencontrer d’autres personnes, certaines que j’ai découvertes avec ravissement et d’autres, proches de François Bayrou, qui me connaissaient déjà quelque peu et qui malgré mes écrits tout à fait iconoclastes, m’ont gardé leur amitié et même leur estime.
J’ai fait surtout deux rencontres tout à fait magiques, desquelles j’ai reçu des témoignages d'affection incroyables !
Et enfin, j’ai lu le dernier livre* de François Bayrou, assez ardu il faut l’avouer. En fait je ne l’ai pas encore terminé, pas assez de temps, mais je peux vous assurer que les cinquante premières pages m’ont largement suffi !
* (« Abus de Pouvoir », lien rajouté le 20 mars 2014)
- Pages 33 et 34 :
« (…) En revanche, quelque chose accrocha mon regard, quelque chose qui me laissa comme un frisson glacé. Ce n’était rien, à peine une fausse note, à peine une fêlure. Puisqu’il s’agissait de disserter sur les exclus, on nous avait ménagé un entretien avec celles ou ceux qui relevaient, j’imagine pour la préfecture ou pour les services officiels, de cette catégorie. Nicolas Sarkozy s’était installé à l’avant-garde de notre délégation. On fit s’avancer nos interlocuteurs. La première d’entre eux étaient une très jeune femme (…) Je me souviens qu’à son visage, qu’à sa bouche de jeune fille, il manquait trois dents, et derrière son visage, je voyais mes filles, et j’avais la gorge serrée. (…) Alors Nicolas Sarkozy se lança pour la déclaration destinée au Journal de Vingt Heures et il commença par ces trois mots : "Vous les exclus"… Je vis en une seconde passer un tsunami de désarroi dans les yeux écarquillés de la jeune fille. Elle avait pensé bien des choses d’elle-même au travers de ses jeunes années, elle savait bien qu’elle galérait, elle savait bien qu’elle en bavait, mais elle n’avait jamais pensé à elle, jeune femme, avec son histoire, sous ce terme de catégorie au pluriel, "exclus", classée, bouclée. Elle était qui elle était, mais ce "vous les exclus" la frappait comme une balle, lui révélant d’un coup de quels yeux, devant tous ces gens, le monde extérieur la regardait, et, en fait, à quel univers de bannis elle appartenait. (…) »
Pour avoir su déceler le mépris dans les propos de Nicolas Sarkozy et avoir su sur ces seuls mots de « vous les exclus… » classer cet homme pour ce qu’il est, un irrespectueux de toute personne autre que… lui-même. Pour avoir su parler de cette jeune femme avec respect et sincérité, François Bayrou a réussi à me redonner tout l’espoir et la confiance en lui qui semblait m’avoir abandonné. Et ceci, je le crois, définitivement maintenant.
Car en continuant ma lecture, j’ai compris qu’un homme ne se satisfaisant pas du terme « valeurs » ne peut être quelqu’un de si comédien :
- Page 38 :
« (…) Je n’ai jamais envisagé, à la différence de tant de mes amis, que je pourrais, après cette élection de 2007, gouverner avec un président nommé Nicolas Sarkozy. Je n’aimais pas son programme, bien sûr même s’il y avait ici ou là, en matière économique par exemple, des choses avec lesquelles je n’étais pas en désaccord. Simplement j’étais en opposition violente avec la sienne. Je l’avais dit pendant la campagne : ce qui me sépare de Ségolène Royale c’est son programme ; ce qui me sépare de Nicolas Sarkozy, ce sont ses valeurs. Dans mon esprit, chacun le comprend bien, les valeurs c’est plus grave que le programme. Le mot "valeurs" est d’ailleurs insuffisant, insatisfaisant. Il rend un son moralisateur qui m’agace moi-même lorsque je l’emploie. En fait c’est beaucoup plus profond que ça, plus immédiat : j’ai l’impression que tout ce que j’aime il le déteste, et tout ce qu’il aime m’insupporte (…). »
Réel politicien François Bayrou l’est, certes : c’est son métier depuis tant de décennies ! Mais « humaniste » il l’est avant tout et le restera toujours quoi qu’il arrive. Et plus rien ne le fera dévier de son cap !
Tout est devenu cohérent et clair dans ma tête. En réalité François Bayrou ne cautionnait point des fonctionnements non conformes mais me montrait son impossibilité à être partout à la fois ! C’est au contraire parce que j’avais osé jusque-là m’exprimer en toute liberté de ton, qu’il me répondait ainsi… Sinon, il ne m'aurait pas répondu aussitôt ; ou n'aurait pas pris la peine de le faire, tout bonnement...
Il me disait tout simplement que personne n’était exclu de parole. En effet, personne ne m’avait « excommuniée » du Mouvement Démocrate il me semble !
En définitive, même s’il n’approuvait pas les agissements de certains, il ne pouvait pas les désavouer en bloc…
Alors, certes le Comité de Contrôle et de Conciliation n’a pas tenu son rôle dans certaines affaires (du midi entre autre) mais lui François Bayrou n’a pas pu faire le nécessaire. Cela ne signifie pas qu’il consent à certaines pratiques indélicates !
Certes il se montre trop présent lors des réunions où il aurait dû passer la main à d’autres en toute confiance. Echaudé par les défections post-présidentielles, n’en a-t-il pas été marqué au point de préférer y contrôler lui-même les débats ?!
Certes les personnes élues sur les listes européennes ne l’ont pas été en concertation de tous les membres de base mais justement : ne compte-t-il pas maintenant sur l’émergence de personnes un peu plus exigeantes, celles qui oseront enfin protester vivement et montrer la nécessité d’un contre-pouvoir en interne ?!
Un parti ne peut se laisser envahir d’un doux bien-être d’autosatisfaction permanente.
Certains d’entre nous, si nous en avons le courage ou le désir, devons jouer le jeu de trublions internes : démontrer que nous ne devons pas nous faire entre nous une confiance tellement aveugle qu’elle en devient stupide !
Il arrive que certains ne soient pas ce qu’on appelle « membres exemplaires » : Ils ont passé les mailles du filet, par combines et manœuvres politiciennes. C’est à nous leurs pairs de réagir sainement et vivement.
Et puisqu’en réalité, François Bayrou m’a bien confirmé que je n’étais absolument pas « mise à l’écart » et qu’il m’a laissé -ni plus ni moins- « le droit de m’exprimer » encore, sachez que je continuerai à le faire autant que nécessaire : que ce soit pour mon département ou… pour la présidence du Mouvement Démocrate elle-même !
Et j’entends bien naturellement que, si je le mérite à mon tour, quelqu’un en fasse autant pour moi ! Je n’ai en effet absolument pas la prétention de détenir la vérité…
A très bientôt !
Françoise Boulanger
Adhérente de base mais réactive…