Dépecer les pervers en politique ! Est-ce raisonnable ?
(1ère partie)
Si nous arrivons à tout savoir d’eux, oui. Car il faut comprendre pour agir.
Cela peut sans doute s’avérer être une tâche démesurée, voire périlleuse. C’est cependant réalisable.
Il nous suffit pour ce faire, non pas de rentrer nous-mêmes dans la peau d’un pervers -cela c’est inutile- mais sans plus de mansuétude qu’il n’en possède lui-même pour ses victimes, de le percer à jour.
Réussir à le dépecer en quelque sorte de son masque de perfidie, afin d’annihiler le seul travail qu’il sache faire : celui de destruction.
Les narcissiques à tendances perverses
Attention danger !
Le pervers, au sens moral, est un être dont l’unique but est d’arriver à satisfaire ses propres besoins, en se servant des autres par tous les moyens possibles et imaginables : Le pervers se construit lui en détruisant l’autre. Le faisant toujours avec la plus grande lucidité. Puisque c’est là sa véritable raison d’être.
Description on ne peut plus explicite ! Et pourtant… malgré de nombreuses mises en garde, nous ne cessons de nous laisser tromper et de nous faire duper par de telles personnes. Pourquoi ?
¢ Parce que le pervers, bien que complètement dénué d’empathie, est capable de simuler toutes les qualités qu’il veut détruire chez les autres. C’est le plus grand des illusionnistes. Nous ne sommes pour lui que ses marionnettes…
Pourquoi donc parler des comportements pervers en politique ?
Il semblerait que ce soit parmi les personnes à hauts postes que l’on trouve les plus beaux parangons de ce « mal-agir ».
Il ne s’agit naturellement pas de généraliser. Nous devons uniquement nous interroger avec clairvoyance. Nous en tenir principalement aux faits et interpréter les paroles des politiques, leurs discours, leurs décisions ou leurs réactions, avec l’esprit critique nécessaire.
Quels sont les caractéristiques de ces comportements pervers ?
Il existe un mode de pensée commun du pervers habituel, celui que nous désignons ici comme « pervers » étant en réalité un « narcissique* à tendances perverses ».
Comment le décrire avec précision ? Commençons par dire ce qu’il n’est pas :
- Ce n’est pas un simple égoïste, égocentrique, enfant gâté ayant oublié de grandir…
- Ce n’est pas le Narcisse primaire de l’enfance ou le Narcisse pathologique* du jeune adulte…
- Ce n’est pas non plus le cynique** incarné par Diogène, qui prônait l’anticonformisme.
- Ce n’est pas du tout le cynique moderne maniant l’ironie mordante, l’humour noir, l’autodérision, pour une communication rebelle et percutante.
- Et ce n’est pas le véritable mégalomane***, au délire quelque peu sympathique.
- En définitive, ce n’est pas non plus un paranoïaque****, au sens psychiatrique du terme.
Non le vrai pervers -le narcissique à tendances perverses- n’a qu’une seule et unique préoccupation : lui-même ; et considère l’autre personne, toutes les autres personnes, comme étant quantités négligeables. Il est prêt à tout pour parvenir à ses fins. C'est-à-dire qu’aucun moyen ne sera jamais exclu.
Voici donc la caractéristique primordiale du pervers, de laquelle tout son comportement abject dépend :
¢ La légitimité de l’existence des autres est niée.
Eux qui ne sont là, sur terre, que pour servir de faire-valoir au pervers.
Choses et gens appartiennent donc au pervers.
Voici ce qu’il croit et ce qu’il pratique
- Il se pense génial et au dessus du lot : il n’a que mépris pour ceux qui ne pensent pas comme lui et…le même mépris pour ceux qui l’admirent.
- Il est persuadé que tous les autres ne peuvent pas ne pas l’admirer.
- Il se sert constamment des autres pour obtenir ce qu’il veut, ce à quoi il a droit : il est prêt à simuler tous les sentiments qui lui semblent opportuns, alors même qu’il est parfaitement incapable de ressentir la moindre souffrance ou un réel amour !
- Il s’arrange toujours pour que sa victime se sente coupable afin qu’elle n’ait aucun désir d’indépendance : il trouvera toujours pour cela la seule faiblesse ou la seule faille de sa victime et ne montrera jamais les qualités qu’il envie pourtant, puisque ne les possédant pas lui-même.
- Il n’a jamais le moindre regret ou le moindre remord, puisque ce n’est pas de sa faute si les autres sont à ce point stupides : il ment constamment mais s’arrange pour mélanger invariablement une part de vérité, de sincérité à ses artifices pour donner l’apparence de la franchise.
- Même pris en flagrant délit de mensonge ou de malversation il n’admet pas le moindre reproche ou la moindre réflexion, niant tout avec un aplomb déconcertant ou trouvant toujours une justification.
- Il fait des promesses qu’il sait ne pas pouvoir tenir puisque les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
- Il veut que toutes les personnes, ses victimes, le remercient pour tout ce qu’il fait pour elles.
- Il considère que c’est un honneur qu’il leur fait de s’occuper d’elles et que sans lui, elles ne seraient rien.
- Il se vante toujours de ses succès.
- En cas de frustration, de refus, de résistance à l’un de ses désirs ou projets, il se met dans une colère terrible, ne perdant que rarement son sang froid.
- Sa vengeance sera alors impitoyable, implacable ; il l’accomplira avec une rage inflexible, une détermination mobilisant toute son énergie et ses réserves de raisonnement.
- Lorsqu’il veut porter tort à une personne, la diffamer, il s’arrange pour ne faire que des allusions déguisées ou le fait de préférence par personnes interposées, jamais de face sauf lorsqu’il veut déstabiliser par un coup d’éclat.
- Il se sert des groupes minoritaires soit pour les stigmatiser, les désignant comme bouc(s) émissaire(s) à un autre groupe dont il veut s’assurer l’allégeance, soit en les flattant de façon démagogique et ainsi anesthésier les esprits les plus fragiles.
- Il divise toujours avec délectation pour obtenir une satisfaction immédiate, procédant pour cela à de la rétention ou de la manipulation d’informations des plus subtiles.
- Et malgré tout, lorsqu’il arrive un problème à un de ses proches, il est triste ! Mais ne vous faites aucune illusion : le pervers n’a en réalité de la peine que pour lui-même.
En conclusion
Le jeu pervers a pour but de dépouiller le sujet de sa dignité.
Les pervers, les narcissiques à tendance perverses, sont tout à fait incapables de douter d’eux-mêmes ou de se remettre en question et n’ont absolument jamais de problème de conscience.
Ils sont froids et calculateurs, totalement indifférents à la souffrance d’autrui.
Mais tout en étant démunis de sentiments humains, ils simuleront le fait d’être emplis, en apparence, de bons sentiments et d’une sincère empathie pour autrui. Ce sont des manipulateurs.
Ils n’ont de cesse d’assouvir leur dessein de revanche, de vengeance envers tous ceux qui se mettent en travers de leur chemin ou qui sont susceptibles de contrarier leurs désirs, leur soif inextinguible de puissance et d’autorité.
Conduite à tenir
Certains n’ont malheureusement eu qu’un seul tort dans leur existence : celui d’avoir croisé la vie d’un pervers.
A- Dans le domaine privé, de l’avis de tous les spécialistes, le seul remède pour se protéger d’un pervers est la fuite. L’éloignement. Tant les manœuvres d’un pervers peuvent aller jusqu’à la mort de sa victime. On ne peut pas démasquer une telle personne, qui ne se remettra jamais en question et que l’on ne peut donc jamais soigner, jamais guérir. Et malheureusement rarement punir.
Le drame pour la victime est qu’il lui faut la reconnaissance et l’appui de son entourage ; résultat qu’elle n’obtient jamais malgré tous les efforts désespérés qu’elle déploie courageusement. Les proches d’un pervers privé étant eux-mêmes manipulés tels des objets, ils sont en effet incapables de prendre en compte une souffrance qui n’est pas la leur.
B- Dans le domaine professionnel, c’est différent. Pour se défendre d’un tel individu, il est vivement recommandé de réunir toutes les preuves parvenant à le confondre. Rassembler pour cela tous les témoignages de collègues possibles, enregistrements, écrits de toutes sortes, plannings. Tout doit être fait pour amener le pervers devant un tribunal, où il pourra être jugé d’après les faits. La victime pourra alors avoir un dédommagement de la violence exercée sur elle. Une reconnaissance de ce qu’elle a subie.
C- Dans le monde politique, pour contrer les quelques individus pervers conduisant inexorablement notre civilisation à sa perte, il nous faut employer les mêmes procédés que ceux du secteur professionnel. Méthodiquement. Inlassablement et habilement.
- Que nos députés intègres proposent pour cela de nouvelles dispositions, de nouveaux amendements aux lois existantes sur ce sujet.
- Qu’ils fassent adopter, de toute urgence, la proposition de Corinne Lepage sur le délit de rétention d’informations.
- Qu’ils imaginent de nouveaux moyens de veille médiatique.
- Que la liberté d’expression soit bien plus qu’un simple vœu.
- Que la fonction de la présidence de la république ne bénéficie plus de l’impunité inconditionnelle.
- Que la présidence de la république devienne collégiale par exemple.
- Ou que le peuple français lui-même choisisse un haut comité de surveillance de l’exécutif...
Tout. Absolument tout est possible et améliorable. L’intelligence collective est notre plus grande force.
Avons-nous vraiment besoin d‘une révolution pour faire de la politique autrement ?!
Ne serions-nous pas « les automoteurs » dont parle un certain François Bayrou ?
Puisqu’il nous manque encore une petite étincelle pour redémarrer, prenons-la tout simplement chez nous !
A bientôt !
Françoise Boulanger
Pour en savoir plus sur les caractéristiques proches des narcissiques à tendances perverses.
* [Les troubles de la personnalité narcissique :
Il s'agit d'un mode général de fantaisies ou de comportements grandioses, de besoin d'être admiré et de manque d'empathie qui apparaissent au début de l'âge adulte et sont présents dans des contextes divers.
Le sujet (homme ou femme) a un sens grandiose de sa propre importance. Il surestime ses réalisations et ses capacités, s'attend à être reconnu comme supérieur sans avoir accompli quelque chose en rapport.
- Est absorbé par des fantaisies de succès illimité et de pouvoir.
- Pense être spécial et unique et pense ne pouvoir être admis ou compris que par des institutions ou des gens de haut niveau.
- A un besoin excessif d'être admiré.
- Pense que tout lui est dû et s'attend à bénéficier d'un traitement particulier et favorable à ses attentes.
- Exploite les autres et utilise autrui pour parvenir à ses propres fins.
- Manque d'empathie et n'est pas disposé à reconnaître les sentiments ou les besoins des autres.
- Envie les autres (jalousie) et croit que tout le monde l'envie.
- Fait preuve d'attitudes et de comportements hautains et arrogants.]
** [Cette école tente un renversement des valeurs, et enseigne désinvolture et humilité aux grands et aux puissants de la Grèce antique. Radicalement anticonformistes, les Cyniques, et à leur tête Diogène, proposent une autre vision de la philosophie et de la vie en général, subversive et jubilatoire.]
*** [La mégalomanie consiste en la surestimation de ses capacités, elle se traduit par un désir immodéré de puissance et un amour exclusif de soi. Elle peut être le signe d'un manque affectif. En psychiatrie, la mégalomanie est classée dans la famille des psychoses délirantes chroniques. On la nomme couramment Folie des grandeurs.]
**** [La paranoïa est au sens premier une maladie mentale chronique du groupe des psychoses, caractérisée par un délire d'un type particulier dit délire paranoïaque pour lequel il existe plusieurs thèmes récurrents. Il faut en différencier la personnalité paranoïaque, qui est un caractère particulier chez certains sujets, mais sans développement d'un délire (même si une personnalité paranoïaque peut évoluer vers une authentique paranoïa). Dans un sens dérivé, le terme paranoïa est aujourd'hui dans le langage commun ou journalistique utilisé pour rendre compte d'états comme la méfiance, la suspicion ou le scepticisme, qui ne sont pas en eux-mêmes pathologiques.]