Cassandre et François Bayrou 2/2
Avant-hier je vous parlais de profils atypiques et sans doute vous êtes-vous demandé à quoi je voulais en venir avec mon syndrome de Cassandre…
5- Revenons donc à François Bayrou :
Je suis persuadée que le président du Mouvement Démocrate est effectivement ce fameux « adulte HP », l’homme « différent » décrit précédemment.
Sans conteste, Nicolas Sarkozy est également un surdoué. A sa manière. Tout comme Ségolène Royal. Chacun avec un style bien différent. Promesses de papiers brillants pour l’un et serments d’envolées gracieuses pour l’autre.
N’avez-vous pas remarqué cependant que Nicolas a déjà copié une bonne partie du programme de François et des autres, tandis que Ségolène, elle, aimerait visiblement rejoindre le MoDem (ou l’attirer…) dès maintenant !
La vérité est qu’aucun des deux n’est visionnaire comme l’est François Bayrou ! Le visionnaire dont tous les Français ont réellement besoin.
Alors pourquoi François Bayrou a-t-il été abandonné si brutalement par certains de ses lieutenants après son échec des Présidentielles ?
Pourquoi a-t-il tant de mal parfois à rassembler une immense équipe soudée et dynamique autour de lui ?
Une équipe ouverte à tous les adhérents, « anciens présents » et « nouveaux arrivants » réunis dans son projet, dans la même forme de raisonnement ?
Je pense que, ce que François Bayrou a de plus que les autres politiques actuels, c’est une éthique particulièrement exceptionnelle.
Et c’est là son point faible !
Paradoxalement, parce que son intelligence supérieure lui a donné cette qualité de « bonté innée », cela ne lui permet pas toujours de « voir » les vilenies qui se trament autour de lui, directement sous ses yeux !
Il fait tellement confiance à des hommes et des femmes avec « ses critères à lui », qu’il ne voit pas forcément venir les trahisons en préparation.
Pour augmenter la difficulté, outre sa bonté naturelle*, d’autres particularités de son caractère peuvent curieusement être un frein à une bonne communication.
* (De cela je peux personnellement en témoigner pour l’avoir surpris en flagrant « délit de bienveillance ». Ce n’était en aucun cas de la comédie.)
En fait François Bayrou, à cause de son intelligence performante, qu’il trouve lui tout à fait normale, est incapable quelquefois de comprendre que les autres ne puissent pas forcément tout saisir comme lui.
Tel un joueur d’échec il voit très loin en avant et perçoit parfaitement l’objectif à atteindre. But qu’il s’est défini avec des moyens bien précis à mettre en œuvre. Une vision très affinée de son projet, dans le moindre de ses détails.
Il « sait » détenir la vérité.
Et le gros problème est là : François Bayrou croit que sa vérité ne peut être que spontanément « perçue comme telle » par tout le monde. Il pense que l’on ne peut que le suivre. Sans aucune hésitation, sans le moindre doute.
Il pense qu’il est le seul à détenir les bons moyens. Parce qu’il pense que tout le monde ne peut que penser comme lui… Vous me suivez ?!
Manquerait-il d’une certaine empathie** finalement ?
Pour lui-même, peut-être ! Et c’est là que ses collaborateurs interviennent...
** (L’empathie est la capacité à savoir se mettre à la place des autres. Non pas à prendre en charge les problèmes des autres jusqu’à en être alourdi et paralysé, mais plutôt à les comprendre suffisamment pour en déceler leurs véritables attentes. Trouver à tous les coups la réponse adéquate à donner. A la demande, au besoin.)
Être capable d’imaginer une solution pour tous, François Bayrou sait manifestement le faire avec talent.
Mais pour lui-même ? Pas toujours…
Car chez l’adulte HP, il y a aussi quelquefois cette susceptibilité particulière, cette fierté, cet amour-propre issu d’incompréhensions accumulées au fil des années. Il ne saurait être question d’être conseillé, guidé par un tiers : « Lui seul détenant la vérité il ne peut recevoir de leçons d’autres personnes ! »
Je crois que l’unique argument à donner à François Bayrou et à ses détracteurs est celui-ci : En 2007, des milliers de personnes se sont mobilisées en masse pour lui venir en aide, lui apporter leur soutien. Ces personnes, pour la plupart, n’ont jamais fait de politique mais se sont enfin senties concernées.
Concernées uniquement par lui.
N’a-t-il pas réussi lui, le premier, l’an dernier en France, ce qu’a obtenu ces jours-ci Barack Obama aux Etats-Unis ?! C'est-à-dire provoquer un bel élan massif*** et généreux lors de nos dernières présidentielles.
*** (Il a d’ailleurs été démontré par la suite, lors de plusieurs études de brillants chercheurs politologues, que si le mode de scrutin avait été différent, François Bayrou serait actuellement notre Président de la République française.)
Comment en effet pourrait-il ignorer ces milliers de personnes ?!
Peut-on -une seule seconde- admettre qu’il refuserait encore de voir que ce sont justement les plus fidèles, les plus sincères de ses « supporters », de ses militants ?!
Non c’est impossible.
Il sait bien qu’elles sont, comme lui, juste un peu plus sensées que d’autres pour saisir qu’il faut prôner l’honnêteté en politique avant tout chose. La durabilité de notre civilisation est à ce prix.
François Bayrou sait qu’elles veulent impérativement l’aider à voir les dysfonctionnements existants depuis des décennies.
Il sait bien qu’elles ont raison de protester vivement contre le manque de démocratie interne.
Que sa plus grande force est « l’exemplarité » à brandir tel un flambeau.
Il sait tout à fait qu’elles vont pouvoir lui permettre de réconcilier enfin le privé et le public autour de bonnes pratiques.
Ce sont elles qui rassemblent tous les secteurs d’activités. Ce sont ces milliers de personnes qui représentent la vraie vie en France. Elles réunissent toutes les réalités du quotidien !
Ce que ne sauraient faire avec une totale lucidité et une complète efficacité des personnes « encerclées d’habitudes politiciennes » depuis de trop nombreuses années.
François Bayrou sera-t-il prêt, aujourd’hui, à admettre que certains nouveaux militants « voient aussi bien que lui » et repèrent quelquefois « pour lui » les opportunistes ?
Alors même qu’elles font partie pour quelques unes de son cercle proche ? Ces attentistes ne cherchant rien d’autre que leur propre profit… N’ayant aucunement l’intention de partager son projet d’espoir. Aussi doucereux que soient le ton de leurs promesses…
Ce sont elles qui l’abandonneront aux premières difficultés.
Il ne s’agit surtout pas de lui démontrer que toutes les personnes de l’ancienne équipe UDF seraient déloyales avec lui ! La majorité d’entre elles sont, bien heureusement pour nous tous, les plus fidèles des fidèles. De beaux exemples. A suivre sans hésitation aucune. Je pense en particulier à notre Jean Lassalle* des Montagnes...
* [ Ajout du 1er mars 2013 : ce que je dis ici va peut-être m'être reproché. Peu m'importe, je n'ai peur de personne. Mon regard sur Jean Lassalle, lui qui m'a pourtant amené le plus grand nombre de lecteurs sur ce blog, à la suite du billet fait sur l'amitié ... mon regard sur Jean Lassalle a changé ! Je le croyais le plus fidèle soutien de François Bayrou et ce n'est pas le cas. Je me suis trompée sur ses intentions réelles, qui ne sont pas celles de rassembler des personnes de toutes les sensibilités politiques. A mes yeux, Jean Lassalle est toujours resté de centre droit et n'a aucunement soutenu les idées de son "ami" François Bayrou dans sa campagne des présidentielles ou des législatives de 2012. Oui, je suis extrêmement déçue, car je lui ai prêté des intentions qui étaient les miennes ou celles de François Bayrou mais en réalité jamais les siennes… ]
Car parmi les nouveaux arrivants en politique se trouvent aussi de beaux spécimens de duplicité ! Venus d’ailleurs, de nulle part. Pris de droite ou de gauche…
6- Que sont finalement les personnes malhonnêtes ? Comment les identifier ?
Faisons juste de la politique autrement.
Acceptons courageusement, pour ce faire, de changer de raisonnement.
Réfléchissons à l’envers. Aussi bien en regardant d’abord la fin plutôt que le début.
Autrefois, si les comportements n’étaient pas parfaitement conformes avec les règles établies, avec la loi, on ne cautionnait pas. Sans chercher peut-être le contexte des évènements.
Imaginons qu’au contraire on aille plus loin et que l’on voit la situation de plus haut, pour dominer et sortir de l’atmosphère présente.
On a vu « chez nous » dernièrement, lors d’élections en interne, des gestes et des attitudes agressives. On a entendu certaines paroles prononcées.
Dans un premier temps, cette expression du « langage des sentiments », nous devons impérativement l’accepter comme sincère. Bien entendu. Car elle l’est pratiquement toujours.
Mais il nous faut malgré tout examiner l’environnement de tout ce qui s’est passé. Chercher les faits réels et « faire parler uniquement ces faits ».
Connaître avant tout la visée ! L’intention. L’arrière-pensée…
Nous poser la seule question utile :
« Où est la véritable différence entre management intelligent et manipulation ? »
Eh bien, ce sont uniquement le contexte ET l’objectif qui vont donner l’interprétation honnête -ou pas- du moyen employé.
Je vais vous donner deux exemples, A et B, pour illustrer ceci :
A) Imaginons que votre enfant ne veuille pas manger d’épinards parce qu’il a décrété ne pas les aimer…
Un observateur vous entendant lui proposer de choisir entre « du beurre dans ses épinards » ou « de la crème dans ses épinards », décèlerait sans problème -et avec raison- que vous avez manipulé votre enfant en lui proposant ce faux choix : Dans les deux cas il est berné, « roulé », puisqu’il mangera de toute façon ces fameux épinards.
Sans tenir compte du contexte, cet observateur aurait pu déclarer de toute bonne foi que vous êtes malhonnête avec votre propre enfant.
Pourtant il n’a pas cherché votre vérité. Il n’a pas compris que vous avez décidé d’employer ce subterfuge pour donner à votre enfant le choix au moins de quelque chose. Afin de ne pas lui faire perdre la face et aboutir vous à votre but : lui faire goûter des épinards. Epinards qu’il a finalement mangés avec plaisir, pour vous faire plaisir vous d’ailleurs. Votre souci était uniquement celui d’une bonne éducation, respectueuse de la psychologie d’un enfant. Vous l’avez fait avec amour et si votre enfant venait par la suite à découvrir la ruse, il ne vous en voudrait vraisemblablement pas.
Quelle aurait-été le résultat si vous lui aviez simplement intimé l’ordre, sec et sans réplique, de manger ses épinards ? Le laissant si besoin devant son assiette refroidie tant qu’il ne cédait pas ? Et si de surcroit vous lui aviez proposé « les épinards » ou « les épinards et une claque » ?
Ici c’est donc bien le contexte qui compte, contexte d’affection et de souci éducatif. Toujours victorieux. Le moyen employé n’a pourtant pas été le plus pur.
B) Imaginons maintenant un prestidigitateur déployant devant vous son tour de passe-passe audacieux : C’est avec le plus grand bonheur que vos yeux émerveillés acceptent de se voir leurrés par autant d’adresse. En toute connaissance de cause. Vous avez d’autant aimé le spectacle, qui plus est, que la place a été particulièrement onéreuse !
Qu’en serait-il de votre impression, en apprenant qu’un gourou a utilisé ces mêmes talents de magie devant vos parents âgés, à qui il a assuré avec aplomb être le plus fabuleux des guérisseurs ?! Uniquement pour sa santé à lui évidemment. Le seul rétablissement de son porte-monnaie sans doute.
Les moyens employés sont pourtant exactement semblables. Le contexte lui, est opposé. Et l'objectif est tout autre !
En politique, au Mouvement Démocrate aussi, certains adhérents, pas très militants, pas trop présents, ne sont quelquefois que de gentils clowns mais ne présentent aucun péril.
Quelques uns -jamais absents, eux- sont malheureusement de très habiles illusionnistes.
Nous devons démasquer leurs véritables intentions, tant ils sont dangereux pour un projet cohérent. Pour la démocratie interne. Pour l’exemplarité.
Nous voulons impérativement les écarter de notre chemin, de cette ligne d’espoir que François Bayrou a tracée pour la France.
7- Pour « ceux-là », uniquement ceux-là, nous saurons être impitoyables !
Il en va de notre avenir et de celui de nos enfants. Nous ne permettrons pas que notre démocratie puisse à un seul moment chavirer de l’intérieur !
A bientôt.
Françoise Boulanger
Adhérente réactive !